Découvrie Gorz, Céline Marty, ed. Les Propédeutiques, 175 pages
André Gorz (1923-2007) a été philosophe, journaliste (Temps Modernes, Nouvel Observateur) et militant socialiste. Héritier de Marx et Sartre, il a été proche de la "Nouvelle gauche" (1973 - CFDT autogestionnaire, Michel Rocard). Sa pensée philosophique est organisée par le problème de l'aliénation, dans le travail, dans les besoins et dans le rapport au temps de vie. Il y répond par l'idéal de l'autogestion comme réappropriation collective de la pratique sociale et comme pouvoir sur la production, le travail, les besoins, l'habitat, les transports et les loisirs ainsi que sur l'articulation des temps de vie. Ses travaux sont critiques de la technocratie, de la société salariale et notamment de la société de services qui crée des "serviteurs". Il est aussi connu pour ses propositions de revenu universel, de réduction du temps de travail, de redistribution des richesses, que permettraient des objectifs de décroissance de la production, d'autogestion collective du travail orientée vers les besoins, de protection des ressources et des milieux de vie mises à mal par le capitalisme. Il a montré le caractère écologiste des luttes syndicales pour la santé au travail (nucléaire, amiante). Gorz organise en 1972 la première rencontre de l'écologie politique et propose, notamment dans ses écrits de 1975-1977, une écologie explicitement anticapitaliste et antitechnocratique, qui consiste à reprendre du pouvoir au marché capitaliste et à l'Etat, pour gérer les besoins, les ressources et les efforts, autour d'un idéal émancipateur de sobriété collectivement choisie. Sa défense d'une décroissance choisie de la production et d'une politisation de l'écologie est perçue comme gênante pour l'Union de la gauche (1977-1978) et l'éloigne de la gauche de gouvernement jusqu'à sa retraite anticipée en 1983. Gorz devient alors un penseur de l'écosocialisme, courant qui articule la transformation des modes de vie en fonction des valeurs de justice sociale et d'égalité, issues des traditions socialistes antérieures, avec les bouleversements matériels engendrés par la crise écologiste. Il relie la critique sociale, qui révèle la domination des individus par leur place dans les rapports de production (lutte des classes), à la critique écologique, qui alerte sur les transformations de l'écosystème engendrées par le modèle capitalistique. Explicitement anticapitaliste et antitechnocratique, l'écosocialisme ne cherche pas à conquérir le pouvoir politique institutionnel - point commun avec l'anarchisme - mais son objectif reste révolutionnaire - ce en quoi il se veut socialiste. Son écologie politique discute de la sobriété, qui pourrait ne pas être restrictive, punitive et subie, mais choisie démocratiquement et désirable si elle permet de diminuer les souffrances sociales, notamment au travail. Elle appelle aussi à lutter contre une planification écologique orchestrée par des élites bourgeoises, masquant des choix politiques derrière une expertise ingénieure et économique.
Dans son travail de thèse, résumée dans cette courte publication (175 pages), Céline Marty donne un aperçu du travail d'André Gorz, avec des chapitres particulièrement intéressants pour des militants écologistes : 3 - l'aliénation des besoins, 10 - la nécessaire décroissance, 11 - une écologie libertaire, 12- s'émanciper du salariat à temps plein et à vie.
L'écologie politique entre expertocratie et autolimitation | Cairn.info https://share.google/MMtD09cyPzP2gc2Vo
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